Qui est le boxeur américain Jared Anderson, ce "futur champion du monde des lourds" adoubé par Tyson Fury et adversaire de Ryad Merhy?
Gros plan sur un boxeur intriguant et divertissant qui, à 24 ans, n’a pas encore exploité tout son potentiel au plus haut niveau.
- Publié le 13-04-2024 à 14h31
Double champion des États-Unis chez les amateurs (2017 et 2018), Jared Anderson aurait facilement pu se diriger vers les Jeux olympiques de Tokyo au sein de l’équipe nationale américaine. Mais, lassé par certains jeux politiques, le natif de Toledo, dans l’Ohio, a préféré répondre à l’appel du célèbre promoteur Bob Arum, le fondateur de Top Rank. Une écurie professionnelle que ce grand espoir a donc intégrée dès septembre 2019 à l’âge de 19 ans.
Catalogué comme “the next big thing”, Anderson a fait d’emblée ses débuts pros. Et deux ans plus tard, le prometteur Américain comptait déjà 10 victoires après avoir dominé le Russe Tereshkin en sous-carte du combat Fury-Wilder III. À sept reprises déjà, il avait conclu ses combats avant la fin de la deuxième reprise !
Un parcours fulgurant pour une personnalité atypique sur laquelle on se penche de plus près…
La boxe à 8 ans
Jared Anderson a été inscrit dans un programme de boxe à l’âge de huit ans. C’est sa maman, lassée de recevoir des appels de l’école pour les problèmes comportementaux et violents de son fils, qui l’a incité à se rendre au club de boxe local.
”Je n’ai pas aimé directement la boxe mais quand j’ai vu les bénéfices que j’en tirais, non seulement physiquement mais aussi parce que cela m’amenait à voyager, je me suis dit que ce serait bien pour moi”, a raconté l’intéressé, qui a six frères et deux sœurs, au magazine The Ring.
Anderson avait précédemment connu une expérience peu concluante en football américain, ayant été renvoyé par son entraîneur à qui le fan des New England Patriots avait répondu vertement.
Il a également confessé avoir quitté sa ville natale pour échapper au trafic d’opioïdes et de drogues qui a investi les rues et sème la mort. “La boxe et mon entourage m’ont à coup sûr empêché de sombrer dans la drogue”, tranche-t-il.
Son surnom : Big Baby
Jared Anderson a conservé son surnom de Big Baby à son passage chez les pros. Quitte à déplaire à Jarrell Miller, déjà affublé du même sobriquet qu’il a terni par le dopage, voire à son propre promoteur.
”Je n’aime pas ce surnom parce qu’il ne lui correspond pas”, dit Bob Arum en 2020. “Il va mieux à Miller qui est un grand gars pas dans la meilleure forme. Jared, lui, est bâti remarquablement. Mais c’est son choix…”
Convaincu par les qualités de ce boxeur ambidextre, gaucher naturel qui boxe en droitier, et qui brille par de rapides combinaisons, Arum a permis à Anderson de garder de l’activité pendant la pandémie de coronavirus. Il a en effet boxé à cinq reprises dans la “Bulle” du MGM Grand de Las Vegas en 2020 et 2021.
Sparring pour Tyson Fury
Jared Anderson fut l’un des principaux sparring-partners de Tyson Fury avant la revanche du Britannique contre Deontay Wilder. “Une formidable expérience pour moi”, témoignait-il peu après. “J’ai adoré ! Tyson est un gars vraiment sympa, très accueillant. J’ai vraiment grandi en tant que personne au contact des autres et j’ai progressé en tant que boxeur. Cela m’a beaucoup aidé. Et Tyson a aimé que je le pousse à la limite, que je le fasse travailler.”
Le champion du monde WBC a été très élogieux au sujet du jeune Américain, qu’il a encore utilisé avant Fury-Wilder III. “C’est le futur champion du monde des lourds” avait alors commenté Fury.
Des propos qu’il a répétés plus récemment : “C’est lui, c’est l’homme, le futur champion. Je l’ai dit il y a trois ans et je le maintiens. C’est l’héritier au trône ! Croyez-moi.”
En larmes face à Roy Jones Jr
Jared Anderson reconnaît qu’avec de tels propos, une grosse pression accompagne son parcours sur le ring. Il était même ému aux larmes en évoquant le sujet avec Roy Jones Jr, l’été dernier, dans une séquence devenue virale.
”Mes parents, ma mère, ont défini très tôt qui j’étais et ce que j’allais faire. J’allais être différent, point ! […] Je sais que je suis bon dans ce que je fais, que je m’amuse, mais cela ne suffira peut-être pas à me rendre complètement heureux, dit Anderson à son interlocuteur, soulignant qu’il avait un don divin. “Mais c’est la pression… Je n’ai que 23 ans !”
Certains ont aussitôt identifié des problèmes de santé mentale, que certaines sorties précédentes avaient déjà laissé deviner. Jared Anderson avait déjà évoqué un manque d’amour profond pour son sport, souligné qu’il n’aimait pas la notoriété et envisage même une retraite sportive à 26 ans.
”Beaucoup de gens aiment qu’on leur porte de l’attention, moi pas. Je ne souhaite pas que tout le monde s’intéresse à moi. Je préfère passer inaperçu…”
Des entrées remarquées
Lors de ses apparitions dans le cadre sportif, Jared Anderson s’assure pourtant toujours d’être remarqué. Quelques-unes de ses entrées vers le ring – les fameux ringwalks – l’ont déjà rendu célèbre.
Déguisé en Grinch ou en Batman, grimé en Chucky, le boxeur de l’Ohio aux shorts amples a aussi déjà porté une tête de bulldog géant (en référence à la mascotte de la Scott High School) avant de monter sur le ring.
Mais le grand ami de Shakur Stevenson a aussi surpris en arrivant menotté et vêtu d’une tenue de prisonnier afin de rendre hommage à son frère Adam, condamné en 2013 à 22 ans de prison pour vol aggravé et homicide involontaire suite à un cambriolage.
Arrestations et condamnations
S’il se met parfois “au service de la communauté”, en distribuant des repas aux plus démunis, le comportement de Jared Anderson est loin d’être irréprochable.
En décembre 2023, dans l’Oregon, le boxeur a été condamné à une amende de 200 $ et à une peine de 180 jours avec sursis pour “manipulation inappropriée d’armes à feu dans un véhicule à moteur”. Les poursuites pour conduite sous influence ont en revanche été abandonnées.
Puis, début mars 2024, une nouvelle arrestation a fait peser une incertitude sur la tenue de son combat contre Ryad Merhy. Jared Anderson a, en effet, été engagé dans une folle course-poursuite à plus de 200 km/h avec des officiers de police, sa Dodge finissant par s’écraser au milieu d’un terre-plein après que le chauffard a ignoré trois barrages routiers.
Accusé de crime au troisième degré et libéré sous caution, Anderson s’est excusé. “C’était une décision impulsive de ma part et j’ai eu de la chance de m’en sortir sans mal. J’ai appris ma leçon”, a indiqué le boxeur qui ne devrait toutefois pas échapper à une nouvelle condamnation dans quelques semaines.
De quoi mettre à mal son ascension programmée ?
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